Comment changer son état d’esprit en naviguant sur un bateau hybride

En quoi la navigation sur un voilier hybride électrique se différencie-t-elle de celle sur un voilier classique, à motorisation thermique ? 

Au-delà des différences techniques et des caractéristiques de leurs propulsions, les voiliers électriques posent, avec une acuité tout à fait particulière, la question de l’énergie à bord. La fine compréhension de leurs consommations et moyens de production d’énergie revêtent une importance inédite pour pouvoir profiter d’une croisière décarbonée et silencieuse dans les meilleures conditions qui soient.

Nous avons rassemblé ici des notions générales qui décrivent des questions liées à l’énergie, à la navigation proprement dite mais aussi à un certain état d’esprit qui favorise la réussite de l’expérience de la navigation sur un voilier propre.

Qu’est-ce qu’un voilier électrique hybride ?

C’est un navire sur lequel le ou les moteurs de propulsion a/ont été(s) remplacé(s) par un/deux moteur(s) électrique(s). Ces moteurs possèdent l’étonnante faculté, lorsque leurs hélices sont laissées tourner lors de navigation sous voiles, de produire, comme la dynamo de votre vélo, du courant. Ils sont alimentés par des batteries elles-mêmes rechargées par différents chargeurs. Chargeur de quai, hydro génération des moteurs, panneaux photovoltaïques ou générateur diesel. Lorsqu’ils sont loin d’un port et ne peuvent se brancher, se sont de véritables navires autonomes.

Les batteries, qui sont les réservoirs d’énergie de ces voiliers, comptent pour une fraction importante du prix de ces motorisations. Mais si on recharge les batteries avec des énergies renouvelables, cela revient à avoir financer d’avance l’énergie nécessaire à la propulsion ! Pour compenser cet écart de prix d’avec un thermique, nous avons mis en place les Avantages Go Green, et nous prenons à notre charge une partie de la dépense. Nos conseillers spécialistes de bateaux neufs vous expliqueront tout ceci en détail.

La finitude de l’énergie à bord

On n’est vraiment pas habitué, à terre, chez soi, à détailler sa consommation électrique. Qui est capable d’énoncer la consommation quotidienne de son logement, en kWh ? C’est qu’à terre, le réseau électrique nous livre un courant très abondant et particulièrement bon marché (même au regard des récentes augmentations). Les véhicules, qu’ils soient électriques ou thermiques, se rechargent rapidement et à tous les coups, que ce soit à la pompe, au super chargeur ou à domicile. A terre, l’énergie est facilement distribuée, et celle d’origine fossile, pour le moment, toujours abondante. Abondante et bon marché, il n’en faut pas plus pour éloigner la question loin de notre attention quotidienne.

A bord d’un voilier hybride électrique, la situation est toute différente. Les moteurs électriques tirent leur énergie de batteries dont la capacité (la contenance en énergie) s’élève, sur un grand catamaran comme l’Aura 51 Smart Electric au quart de celle d’un bidon de 20 L de gasoil… Des batteries qui pèsent 800 kg là où le bidon n’accuse que 25 kg sur la bascule, bidon compris. A bord des voiliers hybrides, l’énergie n’est pas infinie, bien au contraire. Ou plutôt, si on veut naviguer sur batteries seules, sans émissions, il faudra y faire attention. Pas de panique, nos bateaux sont équipés d’un gros générateur diesel à même d’alimenter, des dizaines d’heures durant, et quoi qu’il arrive, les batteries et les moteurs pour vous permettre de rentrer à l’abri. Un générateur dont le réservoir contient quelques milliers de kWh d’énergie fossile.

Observer, comprendre et optimiser sa consommation d’énergie

Le bateau tire son énergie de propulsion d’un parc de batteries de propulsion et l’alimentation de ses services de confort d’un second parc, les batteries de servitude. La capacité résiduelle de ces deux parcs est une donnée importante que l’on peut surveiller sur les écrans du bateau qui les affichent. La seconde donnée importante qu’affichent ces écrans est la durée totale résiduelle d’utilisation des batteries, en heures, compte tenu de la consommation instantanée.

L’observation régulière de ces indications permet de se faire une idée fine de la consommation électrique et de l’autonomie de ces bateaux. Sur ces écrans, on visualise immédiatement l’impact de l’utilisation de tel ou tel consommateur (moteur électrique, guindeau, dessalinisateur, climatisation), sur les batteries dont on constatera la variation de la durée de fonctionnement prévisionnelle, constamment mise à jour. La prise en compte de la consommation des équipements du bateau permet d’en assurer la gestion. Les batteries paraissent faibles ? Si on souhaite ne pas utiliser le groupe électrogène, on évitera de faire fonctionner le dessalinisateur.

Naviguer sur un navire électrique ou hybride, c’est observer, comprendre et assurer la gestion de sa consommation d’énergie.

En face d’une consommation d’énergie, même bien gérée, il faut nécessairement placer une alimentation ou une production énergétique. Mais un voilier ne peut être alimenté (par un câble) qu’au port. En dehors de ce cas de figure, c’est alors un système autonome mobile, un système qui doit assurer sa propre production d’énergie.

Un système autonome équilibré implique une production d’énergie quotidienne qui soit au moins égale à sa consommation.

La connaissance et la gestion fine de la production d’énergie revêt une importance presque équivalente à la consommation. Le bateau peut compter sur ses producteurs d’énergie dont certains sont gérables. Si on ne peut rien faire pour optimiser la production photovoltaïque, on peut, par contre, ajuster ses voiles et soigner sa vitesse pour maximiser l’hydro génération. Plus le bateau est rapide sous voiles, plus il produit d’énergie en hydro génération. Nous écrivons presque, car, quoi qu’il arrive, le générateur diesel et ses dizaines d’heures d’autonomie reste capable d’alimenter le bateau, quel que soient la météo ou l’état de charge des batteries.

La bonne compréhension et prise en compte des caractéristiques de nos voiliers Smart Electric vous permettront de ne pas utiliser d’énergie d’origine thermique, de ne pas consommer de gazole de toute la semaine. C’est une économie mais, au delà des 2000 € du plein d’un catamaran diesel, c’est surtout une satisfaction.

Un voilier hybride fait pour naviguer à la voile

Devant l’énoncé des caractéristiques des moteurs thermiques des voiliers, on peut se demander s’il s’agit toujours de voiliers ou s’ils sont devenus des sortes de navires mixtes, à la manière des fifties ou motorsailers du passé.

En théorie, et même administrativement, un voilier est un navire à propulsion vélique et motorisation auxiliaire. Les voiliers hybrides eux, le sont vraiment. Ce sont des bateaux pensés pour naviguer, principalement à la voile, comme au temps jadis, le confort électrique en plus.

Le choix et la préparation de la route reviennent au premier plan. Quoi de plus normal à bord d’un voilier !

Préparer sa croisière selon les conditions météo, naviguer avec le vent, optimiser les allures rapides favorables à l’hydrogénération, régler ses voiles, en bref, faire de la voile, c’est cela qu’attend de vous un voilier électrique hybride. Il l’attend, mais pas à tout prix, le générateur, le bien nommé “range extender” des anglais étant toujours prêt à vous sortir d’un mauvais pas, antidote ultra-efficace à la range-anxiety. Le puissant générateur monté sur ces bateaux est un appareil insonorisé capable de fonctionner des dizaines d’heures durant. Il permet de pallier totalement à l’absence de réserve d’énergie dans les batteries. Même avec des batteries vides, le générateur est capable de propulser le bateau et de vous ramener, au moteur, au port, quelle que soit la distance à parcourir.

Un état d’esprit différent

Vous l’avez compris, naviguer sur un voilier hybride électrique c’est faire preuve d’un état d’esprit différent. C’est accepter une certaine sobriété énergétique pour allonger son autonomie sans émissions.

C’est aussi prendre son temps pour arriver, tirer des bords plutôt que marcher au moteur et arriver, à tout prix à l’heure que l’on s’est fixé. Prendre son temps, ça fait du bien, contempler les paysages, admirer la marche du voilier, le régler aux petits oignons, font autant de joies simples !

Naviguer sur un voilier électrique c’est aussi être exemplaire, exemplaire et avant-gardiste. C’est la certitude de faire le bon choix, limiter son impact sur l’environnement lors d’une activité de loisirs, un choix dont on peut être fier. Fier d’en expliquer les avantages et contraintes à ses proches et à ses enfants, ayant entre les mains un remarquable système autonome, peu polluant et confortable à souhait. Un système dont l’observation permet de se rendre compte de l’énergie consommée, et des moyens individuels, de l’optimiser.

C’est aussi réaliser que les énergies renouvelables ont une place importante et indispensable à tenir dans le mix énergétique de nos vies. Réaliser que les énergies dites fatales, comme le soleil et le vent, ne permettent pas, seules, d’assurer l’autonomie énergétique en toutes circonstances et qu’un bon mix énergétique doit en comprendre d’autres, pilotables. Des notions qui ont une portée bien plus large que celle d’une croisière…

C’est enfin la certitude de comprendre, en son fort intérieur, les avantages et contraintes des différents producteurs d’énergie, par la connaissance de ceux présents à bord, ceux des batteries, ainsi que sa consommation domestique d’énergie et d’électricité. C’est une occasion intéressante de se faire sa propre idée de ce à quoi pourrait ressembler un monde décarboné, un monde un peu plus sobre, que les nouvelles technologies, l’ingéniosité humaine et la volonté collective vont contribuer à rendre plus propre.

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